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Conférence “Sound Connects” : le soutien du programme ACP-EU Culture aux secteurs culturel et créatif en Afrique australe

La conférence « Sound Connects », réunion du programme ACP-UE Culture pour l’Afrique australe, s’est tenue à Maputo, capitale du Mozambique du 31 janvier au 2 février 2024. L’événement a réuni des experts des industries culturelles et créatives, des bailleurs de fonds internationaux, des acteurs régionaux ainsi que les organisations culturelles soutenues par le Fonds Sound Connects (SCF) pour des sessions d’information, de partage d’expériences et de réseautage. 

En préambule à l’événement régional,  deux journées d’atelier ont été dédiées aux opérateurs culturels SCF pour aborder les aspects clés de la gestion de leurs projets. Ces activités, menées de manière ludique grâce à la médiation de facilitateurs, ont permis aux bénéficiaires d’échanger entre pairs et de réfléchir collectivement aux bonnes pratiques à mettre en place pour optimiser la gestion de leur entreprise culturelle, également dans la perspective de projets futurs.

Cela a également été l’occasion de mettre en lumière le programme d’accompagnement mis en place par le Sound Connects Fund au profit des trois groupes de bénéficiaires. Parmi les produits phares, on peut citer la « Sound Connects Fund Academy » ou encore le programme de soutien à la gestion financière et au reporting dispensé par des auditeurs employés par le programme. Ces initiatives ont été conçues en tenant compte des difficultés rencontrées par les organisations, couvrant des aspects allant du branding aux tâches administratives, en passant par le renforcement de la confiance en soi et en son projet.

Une session de discussion avec les bénéficiaires a donné lieu à un échange très fructueux sur l’expérience du programme ACP-UE Culture, la valeur ajoutée du soutien obtenu mais également les problèmes rencontrés dans la gestion des projets et les suggestions sur d’autres manières de procéder. En général, les retours sont très positifs car l’aide obtenue a été bénéfique en termes de visibilité et de crédibilisation vis-à-vis de partenaires publics et privés et de reconnaissance des artistes et créateurs au niveau national et régional. Elle a également permis le renforcement des capacités des opérateurs concernés, confrontés aux défis souvent inédits liés aux contraintes administratives et financières du programme et à la gestion de projets complexes. Le programme a également joué un rôle d’accélérateur en insistant sur l’importance du réseautage et du dialogue entre pairs, des activités contribuant à la structuration de l’écosystème culturel au niveau local mais aussi international.

Ces appréciations n’ont pas empêché les bénéficiaires de souligner quelques bémols, notamment dans l’application de règles d’éligibilité ou de gestion trop strictes et inadaptées à certaines situations sur le terrain, appelant à plus de flexibilité dans la conception et la gestion du programme. La durée souvent trop courte des projets a également été critiquée, car elle est vue comme un frein au succès et surtout à la durabilité des actions sur le terrain. Parmi les recommandations proposées, mentionnons celle de diversifier la nature des financements, dépassant l’utilisation systématique des subventions – adaptées surtout aux organisations émergentes – pour inclure dans la boîte à outils des prêts ou des garanties, permettant à des structures plus avancées de lever des fonds de manière plus structurelle.

Une meilleure compréhension de l’économie culturelle en Afrique

La première journée de la réunion régionale, ouverte au public, a été marquée par la présentation des conclusions d’une étude menée par Avril Joffe (UNESCO) et Ayeta Wangusa sur la promotion du travail décent au sein de l’économie culturelle et créative africaine. L’accent a été mis sur la nature informelle de cette économie, soulignant la nécessité de mieux comprendre les mécanismes qui sous-tendent cette situation. Il est évident qu’une approche contextuelle est essentielle pour formuler des politiques appropriées qui tiennent compte de cette informalité en constante évolution.

La discussion a également mis en lumière la complexité de l’économie créative africaine, qui va bien au-delà de la simple production de biens et de services culturels. Elle englobe les traditions, les pratiques et les activités portées par les populations autochtones, conférant à cette économie une identité unique. Un des défis soulignés lors de la présentation réside dans la nécessité de faire comprendre les différentes facettes de l’économie culturelle et créative africaine aux acteurs institutionnels et autres bailleurs de fonds. Cela permettrait de formuler des programmes et politiques adaptés aux besoins de ce secteur dynamique et en constante évolution.

Une table ronde consacrée aux « success stories » a permis à des porteurs de projets SCF menés en Afrique australe de partager leurs réussites, leurs échecs et les opportunités pour des collaborations futures. La discussion a fait émerger plusieurs thèmes tels que la double nature de la technologie en tant qu’outil et responsabilité ou encore les défis de la promotion de l’inclusion et du dépassement du validisme dans le cadre de projet impliquant des personnes en situation d’handicap. Il a également été rappelé l’importance du langage dans la formation des perceptions et la promotion de l’inclusion ainsi que la nécessité de créer des environnements qui embrassent la diversité et autonomisent les individus de toutes capacités.

La session s’est achevée sur le plaidoyer de certaines organisations culturelles en faveur d’une transition vers des modèles collaboratifs et basés sur le partenariat par rapport aux relations traditionnelles de donateur-bénéficiaire. Enfin, la nécessité de la formation, des espaces d’incubation pour les artistes, et l’accent mis sur la durabilité à travers la diversification des sources de revenus et des plans d’affaires solides ont été soulignés comme des stratégies cruciales pour favoriser le succès à long terme au-delà de la dépendance aux financements.

Stratégies de soutien aux industries culturelles en Afrique australe 

Une session consacrée aux stratégies de soutien aux industries culturelles et créatives en Afrique australe a mis en lumière divers enjeux et opportunités. S’appuyant sur la situation observée au Mozambique, l’encadrement des artistes et la diffusion de produits culturels de qualité ont été identifiés comme des axes cruciaux. Dans cette optique, le déploiement d’incubateurs d’entreprises créatives se présente comme une réponse concrète à ces défis. En mettant l’accent sur la durabilité, la promotion des artistes, la commercialisation des arts, la formalisation des activités culturelles, ainsi que l’établissement de partenariats et de réseaux, ces initiatives répondent aux impératifs de pérennité et de croissance dans ce domaine. La question de l’accès aux financements et de la génération de revenus constitue un autre aspect crucial. Ainsi, il est essentiel pour les organisations culturelles de diversifier leurs sources de financement et de développer des stratégies durables. L’élaboration de propositions de qualité, mettant en avant un avantage compétitif, est primordiale pour gagner la confiance des bailleurs de fonds, étant donné que de nombreuses organisations dépendent des financements provenant d’appels à projets.

Enfin, l’accès à l’information revêt également une importance capitale. Rester à l’écoute, échanger avec les pairs, participer à des événements culturels permet aux artistes et aux organisations culturelles de se tenir informés des opportunités de financement et d’accompagnement disponibles.

La réunion régionale a été agrémentée de différentes activités de réseautage, d’opportunités de découverte d’artistes et projets locaux et s’est achevée sur une visite du Festival Marrabenta, destiné à valoriser une forme de musique et de danse populaires emblématiques du Mozambique.

 

 

 

Crédit photo: © Music in Africa

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