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Le 76e Festival de Cannes met en lumière le talent cinématographique des pays ACP

La 76e édition du Festival de Cannes fut l’une des plus riches pour le programme ACP-UE Culture et ses bénéficiaires. En effet, trois films soutenus par le mécanisme d’appui au cinéma et à l’audiovisuel ont été présentés, offrant une vitrine exceptionnelle au talent cinématographique et culturel des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP).

Le point d’orgue du festival a été sans conteste la sélection en compétition officielle du long métrage « Banel et Adama » de la jeune réalisatrice franco-sénégalaise, Ramata-Toulaye Sy. Une première pour un film soutenu dans le cadre de la coopération entre l’Union européenne et l’Organisation des États ACP. Mais plus exceptionnel encore, « Banel et Adama » est l’unique première œuvre de la compétition.

Une histoire d’amour africaine

Le film raconte l’histoire de deux jeunes amoureux passionnés. Leur histoire d’amour se déroule dans un petit village isolé au Nord du Sénégal, où le monde extérieur semble inexistant. Banel et Adama sont des êtres exceptionnels, comme venus d’ailleurs, destinés à vivre un amour idéal. Cependant, leur couple sera confronté à de nombreux obstacles. Les conventions de leur communauté mettront à rude épreuve cette relation ardente. Dans leur environnement, les passions n’ont pas leur place, et le chaos est encore moins toléré. « J’adore les histoires d’amour sous forme de séries, de films ou de romans… les tragédies. Ça me manquait car il n’y en avait pas en Afrique, avec des modèles qui me représentaient, qui représentaient tant d’autres personnes. Du coup, je me suis dit que j’allais l’écrire. », confie Ramata-Toulaye Sy.

L’esthétique au service de l’évolution émotionnelle

« Banel et Adama » propose une esthétique remarquable, jouant notamment avec des couleurs tantôt pastel, tantôt blanches et fanées. Le désert imposant et les éléments hostiles – en l’occurrence la sécheresse, le vent chaud – viennent également enrichir la beauté du visuel. La réalisatrice explique : « Mon souhait était que l’image et la photographie reflètent le parcours émotionnel de Banel. Au début, tout est harmonieux et magnifique autour d’elle. Au fur et à mesure que son cœur se dessèche, les couleurs s’estompent, devenant plus âpres et rudes ».

Un autre aspect à saluer est le jeu des deux acteurs qui incarnent le jeune couple: Khady Mane dans le rôle de Banel et Mamadou Diallo dans celui d’Adama. Leur interprétation, à travers leurs corps, leurs gestes et leurs regards, transporte littéralement le public au cœur de leur histoire. A l’instar de l’ensemble du casting, ce sont des acteurs non professionnels qui ont été dénichés dans la région du tournage.

Le 20 mai dernier, le film a été projeté devant un public enthousiaste au Théâtre Louis Lumière, suscitant une vague d’acclamations chaleureuses envers Ramata-Toulaye Sy, Khady Mane et Mamadou Diallo, accueillis avec fierté.

Entre réalisme magique et récits engagés

C’est dans la section « Un certain regard » qu’a été sélectionné « Augure », le premier long métrage de Baloji Tshiani – un rappeur, auteur-compositeur, poète, performeur, styliste belgo-congolais devenu cinéaste. Ce premier long métrage – qui se revendique du réalisme magique – a bénéficié du soutien du programme ACP-UE Culture à travers le World Cinema Fund de la Berlinale. « Augure » est un film choral retraçant l’histoire de quatre personnages considérés comme sorcières et sorciers. Ils vont trouver le moyen de s’entraider pour sortir de leur assignation dans une Afrique fantasmagorique. Après avoir fait ses premiers pas sur la Croisette, Baloji Tshiani est sollicité par d’autres festivals.

Jamais deux sans trois, dit-on ? La troisième œuvre à faire ses premiers pas à Cannes – et soutenue par Deental ACP (mis en œuvre par le Centre national du cinéma et de l’image animée) –  est « Nome » du bissau-guinéen Sana Na N’Hada.  Le réalisateur nous transporte dans la Guinée-Bissau des années 1960, en pleine guerre d’indépendance. Au cœur de cette histoire, un jeune villageois se retrouve banni de sa communauté après avoir engrossé une fille du village. Animé par un sentiment de révolte, il quitte son village pour rejoindre les rangs de la résistance armée contre les militaires portugais. Présenté au Festival de Cannes, « Nome » a l’honneur de faire partie de la prestigieuse section parallèle ACID (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion), offrant ainsi une vitrine internationale à ce récit puissant.

Il ne reste plus qu’à attendre la sélection des différents jurys pour déterminer si l’un ou plusieurs de ces trois films recevront un prix.

 

Légende photo: Affiche du film « Banel et Adama » de Ramata-Toulaye Sy

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