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Indigo : vers un fonds panafricain de soutien aux femmes dans les secteurs du cinéma et de l’audiovisuel
La résilience économique des femmes opérant dans les secteurs du cinéma et de l’audiovisuel des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) reste précaire. A ce jour, elles ne peuvent pas vivre de leur art seul – en dépit de leur investissement personnel en termes de temps et d’argent – et sont souvent contraintes à cumuler différentes activités professionnelles pour assurer leur subsistance. De plus, leur accès à des formations de qualité ainsi qu’à des sources de financement demeure problématique.
Dans le cadre de la 14e édition du Festival Elles Tournent-Dames Draaien qui s’est tenue à Bruxelles du 17 au 25 mai 2022, le programme ACP-UE Culture a organisé une table-ronde autour de la question de l’entrepreneuriat des professionnelles de l’industrie du cinéma. Cette rencontre, qui s’est tenue au siège de l’Organisation des États ACP et en ligne, rassemblait des réalisatrices et productrices du continent africain, d’Asie et d’Europe. Elle avait pour objectif de poursuivre des échanges initiés lors d’éditions précédentes de festivals internationaux du cinéma – notamment le Zanzibar International Film Festival (ZIFF) et le Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (FESPACO) en vue d’établir un état des lieux et d’identifier des mesures concrètes destiné à soutenir les opératrices du secteur.
Ouvrant la discussion, Aya Kasasa, experte en charge de la Culture auprès de l’OEACP, a rappelé l’importance de « renforcer l’écosystème créatif afin de permettre aux femmes d’y opérer et prospérer efficacement et durablement. »
Pour sa part, Annica Floren, cheffe d’unité adjointe en charge de la jeunesse, de la culture et de l’éducation auprès de la Commission européenne a déclaré que : « Les écosystèmes créatifs doivent être encouragés si les secteurs culturels et créatifs veulent être pleinement moteurs du développement durable. »
Au cours des échanges, les intervenantes ont présenté les réalités de terrain auxquelles elles sont confrontées au quotidien, et esquissé les contours d’un fonds qui les soutiendrait financièrement face à la précarité et à l’impossibilité de se spécialiser dans les filières audiovisuelles ou cinéma. Appelé « Fonds Indigo », ce fonds panafricain dédié aux femmes actives dans le cinéma et à l’audiovisuel pourrait intervenir à différents niveaux de la chaîne de valeur, depuis la formation et l’accès à la profession jusqu’à la production et à la distribution. Il contribuerait de plus à créer une communauté de professionnelles partageant des expériences et des valeurs similaires.
« Nous ne visons pas une approche fondée sur l’aide au développement mais plutôt des collaborations et des partenariats efficaces qui nous permettront d’exercer notre métier dans de meilleures conditions et d’occuper la place qui nous revient dans le cinéma et l’audiovisuel » a conclu Rama Thiaw, réalisatrice et productrice établie au Sénégal qui a coordonné cette réflexion et modéré le débat à Bruxelles.