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FESPACO : Focus sur l’entrepreneuriat des réalisatrices dans les pays ACP

En qualité de partenaire du 27e FESPACO, le programme ACP-UE Culture a organisé une série de panels de discussion, l’un d’entre eux intitulé « Panel sur le renforcement de l’entrepreneuriat des réalisatrices dans les pays ACP » a réuni cinq opératrices pluridisciplinaires actives dans le domaine du 7e art et de la télévision.
Les discussions, menées par la réalisatrice et productrice sénégalaise Rama Thiaw, ont mis en lumière les nombreux des défis auxquelles les femmes font face dans l’industrie du cinéma, notamment le manque de soutien, notamment financier ou encore l’obligation de diversifier leurs activités pour pouvoir durer dans le métier, et la liste continue.
Dans ce contexte s’est posée la question de la démarche artistique adoptée par chacune des intervenantes dont nous vous présentons ici quelques extraits :
Pour Diane Kaneza (Burundi) la question de l’identité et la nécessité de réorienter le narratif sont essentielles. « En tant que femme, j’ai choisi de parler de nos réalités en tant que Burundais, pour les clarifier, les mettre en lumière. Ce sont ces réalités que j’ai envie de partager avec mes enfants et petits-enfants ».
Samantha Biffot, à l’instar d’autres réalisatrices africaines, souhaite contribuer à présenter l’Afrique et les Africaines sous un autre jour. « Je suis passionnée par le cinéma de genre. Il y a tellement de réalités propres au continent qui sont peu ou pas racontées. Par ailleurs, je veux raconter des histoires drôles, sortir du narratif misérabiliste ou dramatique. Mais aussi, mettre en scène des femmes fortes car on de modèles de référence », souligne la réalisatrice gabonaise.
« Le cinéma peut aider à contrôler les perceptions que les autres ont de nous. Quand je lis les titres de la presse à l’occasion de la sortie de mon film, Freda, je réalise que c’est la première fois que je vois ’Haïti’ associé à des concepts tels que l’amour ou encore la beauté dans une même phrase. Il y a une telle méconnaissance des uns et des autres ! Il serait bien de contrôler ce qui est dit à notre sujet », insiste Gessica Généus, réalisatrice haïtienne.
Marie-Laurentine Bayala, journaliste et réalisatrice burkinabè, rappelle que « le cinéma contribue à changer le réel. Faire du cinéma, c’est prendre position dans une société où les hommes ont le pouvoir décisionnel. Les femmes ont la capacité de s’assumer, d’être responsables de leurs décisions, de leur vision du monde. L’heure est au changement et les femmes l’ont compris. Nous ne sommes pas en guerre avec les hommes ; au contraire, ensemble, nous allons construire le monde ».
Grâce aussi aux témoignages très personnels des professionnelles présentes, le débat a pris une tournure plus concrète, axée sur le rôle de l’entrepreneuriat, le besoin de créer des réseaux permettant une meilleure mutualisation des expériences, et la nécessité de s’adresser à la fois aux financeurs francophone et anglophones. In fine, l’idée a été avancée de poser les bases d’un fonds de production pour les femmes réalisatrices et productrices qui puisse défendre leurs intérêts face aux pouvoirs publics, tout en facilitant également la recherche de financements du secteur privé. Les participantes se sont engagées à poursuivre leurs échanges à ce sujet après le FESPACO.