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Entre l’informel et l’avenir : Comment la jeunesse kényane façonne l’économie malgré les défis
Bien que les chiffres nationaux indiquent une croissance économique généralisée au Kenya de 2015 à 2019, les effets néfastes de la pandémie de COVID-19 n’ont pas épargné le pays, avec des projections de croissance du PIB autour de 5,2 %. Selon certains rapports, la proportion de personnes vivant dans l’extrême pauvreté aurait diminué, passant de 37 % en 2015 à 34 % en 2019. Cependant, cette statistique masque une réalité plus sombre vécue par de nombreux jeunes Kényans.
En réalité, le nombre total de personnes vivant sous le seuil de pauvreté a augmenté, passant de 17,8 millions en 2015 à 18,9 millions en 2021, ce qui représente une hausse de 1,1 million de personnes tombées dans la pauvreté en seulement six ans.
Face à l’insécurité financière, une génération entière a dû se mobiliser pour soutenir leurs familles et maintenir leur niveau de vie. À ce jour, près de 47 % des jeunes âgés de 15 à 24 ans déclarent devoir travailler pour couvrir ou compléter leurs frais. Ces jeunes ont dû s’adapter et trouver des solutions à l’instabilité économique, souvent au sein de l’économie informelle.
Selon la Banque mondiale, près d’un million de personnes devraient entrer sur le marché du travail au Kenya l’année prochaine. Cependant, une étude de Shujaaz Inc révèle que seulement 5 % des jeunes de 15 à 24 ans trouvent du travail dans le secteur formel, tandis que 95 % s’intègrent dans l’économie informelle dynamique du pays. Pour cette génération, l’informel est devenu le nouveau formel.
Environ 11,6 millions de jeunes Kényans, répartis en quatre catégories—des travailleurs occasionnels aux entrepreneurs à temps plein—injectent mensuellement 539 millions de dollars dans l’économie. Cependant, ils ressentent un manque de soutien dans leurs efforts. Des interventions mineures, telles que l’inspiration par des modèles de réussite, la formation entre pairs, ou l’accès à des micro-prêts, pourraient les aider à devenir des entrepreneurs à temps plein. Ce passage à un entrepreneuriat stable aurait des répercussions positives, incluant une utilisation accrue des services financiers et une contribution sociale significative dans leurs communautés.
Les jeunes « hustlas » en mode survie et en démarrage ne sont souvent qu’à quelques pas de devenir des entrepreneurs à temps plein et prospères avec un revenu régulier. De petites interventions—comme l’écoute d’histoires de modèles inspirants ou de conseils, la participation à une formation de pair à pair, ou l’accès à un microcrédit—peuvent fournir le coup de pouce nécessaire pour se lancer à plein temps dans leur activité.
Les recherches de Shujaaz Inc montrent que les entrepreneurs à temps plein et les « start-up hustlas » sont en moyenne plus susceptibles d’utiliser des services financiers, de recourir à la contraception, et de voter que leurs pairs. Ceux qui gagnent plus de 12 000 KES (103 USD) par mois créent également des opportunités de travail et de revenus pour les membres de leur communauté.
Actuellement, cette génération maintient le Kenya à flot. Mais avec quelques interventions ciblées, elle pourrait propulser le Kenya vers un avenir meilleur.
Source: © Kenya Youth Trend